Pour nourrir les villes du futur, de nouveaux projets fleurissent: l’agriculture urbaine est en devenir !

La ville est devenue un organisme étendu, qui s’appuie sur le monde rural pour son alimentation et sur les « régions » pour assimiler les déchets qu’elle régurgite. C’est en réaction à ce constat que s’est développé la notion de « ville durable » qui promeut une gestion responsable du territoire urbain prenant en considération les espaces verts et la biodiversité, et remettant au goût du jour l’agriculture urbaine. Mais la séparation urbanité-ruralité est tellement bien ancrée dans les esprits que la seule mention de l’expression « agriculture urbaine » fait sourire.

Illustration d'agriculture urbaine

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?

Il s’agit d’une agriculture située en ville ou en périphérie, dont les produits sont principalement destinés à la population urbaine. Ce n’est donc pas seulement une agriculture située en ville, mais plutôt tournée vers la ville.

A l’échelle mondiale, on estime à 800 millions le nombre de personnes pratiquant l’agriculture urbaine et un quart d’entre eux en font commerce. Ce type d’agriculture est beaucoup moins original qu’on pourrait le penser puisque 40% des terres agricoles se trouvent en zone périurbaines (rayon de 20km autour des villes).

Dans de nombreux pays en voie de développement les produits périssables proviennent majoritairement de l’agriculture urbaine : c’est le cas de Cuba. À Détroit aux États-Unis, ville particulièrement engagée dans l’agriculture urbaine, les légumes proviendraient à 15% des productions urbaines.

Pourquoi ce grand retour de l’agriculture dans les villes ?

En premier lieu, c’est la croissance démographique. On estime que 800 millions de personnes souffrent de la fin dans le monde, ce chiffre risque d’exploser d’ici à 2050 lorsque la population mondiale aura atteint les 10 milliards d’êtres d’humains, soit en prévision une augmentation de 70% des besoins alimentaires.

Pour faire face à ce problème les solutions sont limitées : augmenter les rendements ou étendre les surfaces cultivées. Or la première solution n’est actuellement pas souhaitable, lorsque l’on mesure l’effet des engrais, des OGM et des pesticides utilisés par l’agriculture intensive sur les sols, les semences, les cours d’eaux… La seconde solution est utopique puisque les réserves de terres disponibles ne sont pas inépuisables : 80% des terres arables sont déjà exploitées et on estime que 15% de ces terres sont déjà épuisées. De plus, défricher de nouvelles terres n’est possible qu’au détriment des derniers réservoirs de biodiversité de la planète et des puits de carbones naturels que sont les forêts vierge.

Aujourd’hui 60% de l’Humanité se concentre dans des zones urbaines, 80% d’ici 2050. Les cultures situées au plus près des bassins de population prennent tout leur sens, car elles permettent de réduire les pertes et d’éliminer les coûts de transports (économiquement et écologiquement). Heureusement les avancées technologiques facilitent une culture toujours plus maitrisée et performante qui permet d’imaginer des systèmes verticaux (tours végétales) qui rendraient possible des rendements estimés jusqu’à 6 fois plus élevés. Grâce au contrôle de tous les paramètres climatiques et nutritifs nous pourrions ainsi limiter les compléments chimiques, réduire la dépendance aux aléas climatiques, sécuriser les récoltes, ce qui stabiliserait le prix des matières premières agricoles, et permettrait ainsi d’éviter des crises humanitaires.

Notre façon de penser évolue.

Ce retour en grâce de l’agriculture urbaine est aussi dû à un changement des mentalités. Les consciences commencent à intégrer que le système agricole actuel n’est plus adapté à l’urgence climatique, car trop gourmand en énergie, pas assez respectueux de la nature et du bien-être animal. Enfin il se développe, dans les pays industrialisés, une volonté de se nourrir plus sainement et d’avoir plus de contrôles sur les aliments qui arrivent dans notre assiette.

Ainsi, l’agriculture urbaine répond à des besoins de surfaces cultivables mais aussi des besoins économiques et écologiques. Cette agriculture s’est grandement diversifiée ces dernières années avec l’apparition de différents concepts tels que les jardins collectifs, les tours végétales ou encore les potagers sur les toits. Des projets fleurissent un peu partout, mais c’est en Amérique du Nord que l’agriculture urbaine a vraiment pris racine : la plus grande ferme urbaine du monde se trouve à Montréal. Installée sur les toits d’un édifice de bureaux, elle produit toute l’année, sur un substrat de fibres de noix de coco et de mousse de tourbe, de nombreux produits frais commercialisés seulement 24h après leur récolte.

L’agriculture urbaine, phénomène encore considéré comme marginal, ou de nature à satisfaire la bonne conscience des écologistes urbains, pourrait bientôt, si elle continue de se développer ainsi, être en mesure de satisfaire une bonne partie des besoins alimentaires des grandes agglomérations. En outre son empreinte écologique et ses caractéristiques économiques pourraient en faire un moteur profond de changement de notre paysage urbain.

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